[dateline] Lahaie 30e. Janvr. 1783.
[salute] Monsieur,
Les Lettres que j’ai eu l’honneur de vous écrire Vendredi 24 & mardi 28
e. ne sont que l’Expression la plus fidele des sentimens de nos Républicains. Je n’y
ai rien mis du mien: au contraire, j’ai adouci tant que j’ai pu. Si l’on ne trouve
à racom̃oder la chose de la maniere que je l’ai proposée, c’en est fait pour toujours
du Crédit ici de la F
ce. Voici la Copie promise de la Lettre; & d’une autre de la même main, reçue ce matin.
1 La F
ce. & nos Republicains, depuis tous ces jours, Sont l’objet des Sarcasmes, & des railleries
ameres des malintentionnés; & nos Republicains, sans avoir
NB. perdu courage vis-à-vis de leurs Antagonistes internes, sont outrés, & n’ont plus
aucune confiance en ce qui leur est dit Ministériellement de la part de la F
ce., pour colorer ce qui vient de se passer, ou pour leur faire faire quelque démarche
ultérieure.— Ils plaignent
{ 222 } personnellement M
r. le D. de la V., & disent que Mr. le C. de V. le sacrifie, & lui fait perdre d’un
coup de plume tout le fruit de ses sages, infatigables & brillants travaux ici. Du
reste ils déclarent, qu’ils ne veulent être dominés, ou influés, ou menés à la lisiere,
ni par l’Angleterre ni par la F
ce.; & que, quoiqu’on leur propose de la part de la F
ce., ils ne le porteront plus devant leurs Villes, que moyennant des sûretés suffisantes
en poche. Si vous pouvez faire réussir, Monsieur, ce que j’ai proposé, je crois que
ce sera une opération politique importante, un coup de partie pour l’honneur & l’avantage
des Etats-Unis, parce qu’elle établira leur crédit, leur dignité & leur gloire ici
pour toujours. Votre Jugement & profonde pénétratrion, Monsieur, n’a pas besoin que
j’entre dans de plus longs raisonnemens là-dessus. Il suffit que cette affaire sera
également avantageuse à tous, puisque tous y participeront & se l’assûreront.
Mr. le Comte de Llano m’a fait prier ce matin de lui com̃uniquer les Préliminaires
dont Mr. l’Amb
r. lui a dit que j’avois copie.
2 Mais il s’est contenté de mes raisons pour ne pouvoir lui donner qu’une idée verbale
des dits Préliminaires. J’ai cru pouvoir & devoir faire le même plaisir à Mr. D’Asp.
Voici quelques Lettres arrivées pour V. E.,
3 avec les respects de ma famille. Vous connaissez toute la vérité de celui avec lequel
je suis / Monsieur, De Votre Excellence / le très humble & trèsobeissant / serviteur,
Translation
[dateline] The Hague, 30 January 1783
[salute] Sir
The letters I had the honor of writing to you on Friday the 24th and Tuesday the 28th
are simply a faithful expression of our republicans’ feelings. I added nothing of
my own; to the contrary, I toned it down as much as I could. If the matter cannot
be patched up in the manner I propose, any credibility that France enjoys here is
doomed forever. Here is the promised copy of the letter and of another in the same
hand, received this morning.
1 In recent days France and our republicans have been the object of sarcasm and galling
humor from the ill-intentioned, and while our republicans have not lost courage in
confrontations with their domestic opponents, they are outraged and no longer have
any confidence in what is said ministerially by France, whether it be to gloss over
what has just taken place or to induce them to undertake some further step. They feel
sorry for the Duc de La Vauguyon and say that the Comte de Vergennes is sacrificing
him, causing him to lose with a single pen stroke all the fruits of his wise, tireless,
and brilliant work here. Moreover, they declare that they are unwilling to be dominated,
influenced, or led about by either England or
{ 223 } France and that, whatever proposals France may make, they will no longer place them
before their towns unless they possess sufficient guarantees. If, sir, you can bring
about what I suggested, I think it will be a major political achievement, a major
coup for the honor and advantage of the United States, because it here will establish
forever their credibility, dignity, and glory. Your judgment and deep understanding
have no need of further arguments. It is enough that this matter will be equally advantageous
to all, since all will take part in it and guarantee it.
The Conde de Llano begged me this morning to show him the preliminary accords, of
which the ambassador told him I had a copy.
2 But he was satisfied with my reasons for only being able to give him an oral account
of the said preliminaries. I thought I could and should pay Mr. Asp the same courtesy.
Here are some letters that arrived for your excellency,
3 together with the respects of my family. You know the truth of those with which I
am, sir, your excellency's very humble and very obedient servant